Sagesse de Saint Benoît (novembre 2019 ) : Se remettre en paix avant le coucher du soleil
Se remettre en paix avant le coucher du soleil
avec ses contradicteurs (RB chapitre
4 verset 71)
Quelques résonances
Dans l'Ecriture
En paix, je me couche et m’endors. (Ps 4,9)
Recherche la paix et poursuit-là. (Ps 33,15)
Que
le soleil ne se couche pas sur votre colère. (Eph 4,26)
Sans rendre à personne le mal pour le mal, ayant à cœur ce qui est bien devant tous les hommes, en paix avec tous si possible, autant qu'il dépend de vous.( Rm 12,17-18)
Quand
donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord
te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande. (Mt 5,23-24)
Dans l'Ecriture
En paix, je me couche et m’endors. (Ps 4,9)
Recherche la paix et poursuit-là. (Ps 33,15)
Que
le soleil ne se couche pas sur votre colère. (Eph 4,26)
Sans rendre à personne le mal pour le mal, ayant à cœur ce qui est bien devant tous les hommes, en paix avec tous si possible, autant qu'il dépend de vous.( Rm 12,17-18)
Quand
donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord
te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande. (Mt 5,23-24)
Commentaires de la Règle de Saint Benoît
Dom Delatte : Il
faut savoir se remettre en bons termes avec ceux qui auraient eu avec nous
quelques désaccords. Les réconciliations virtuelles, non formulées, mais
impliquées dans notre attitude,
suffisent souvent et sont les meilleurs.
Faisons
la paix sur l’heure ou du moins « avant le coucher du soleil » ;
c’est la dernière limite. Même, il vaudrait mieux faire attendre le Seigneur
que reculer la réconciliation : « Va d'abord te réconcilier avec
ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande.
Dom Symphorien : La réconciliation doit être mutuelle, c’est-à-dire que celui qui a reçu
l’injure et celui qui l’a faite sont tous les deux obligés à la
réconciliation : l’offenseur et l’offensé doivent recourir au remède de la
réconciliation.
Si
nous ne réconcilions pas avec le coucher du soleil, il faudra attendre au
lendemain pour le faire, passer la nuit dans ce triste état et nous présenter
le matin à l’oraison avec le même cœur meurtri.
Ne
disons pas : c’est à mon frère de revenir à moi, je n’ai rien contre lui,
c’est lui qui m’a offensé. Un tel langage montrerait que nous ne comprenons pas
la charité ou bien que notre cœur est froissé et que nous avons grand besoin de
la réconciliation.
Hildemar
de Corbie :
Ce que dit St Benoît ainsi est emprunté à l’Apôtre Paul lorsqu’il dit :
« Que le soleil ne se couche pas sur
votre colère. » (Eph 4,26). Beaucoup comprennent à la lettre ce
passage : le soleil ne doit pas se coucher avant que tu n’ailles faire la
paix avec ton ennemi. Ce n’est pas une juste interprétation, car non seulement
le coucher du soleil, mais aussi trois heures avant, un grand péché peut être
commis ! Il est préférable de comprendre selon un sens spirituel à partir
du Christ : tu ne dois pas, dans ta colère, faire contre ton frère de
telles choses que tu fais disparaitre le Christ en toi. Saint Benoît parle de
ce « soleil » dont il est écrit : « Pour vous qui craignez Dieu, se lève le soleil de justice. »
(Mal 3,20). À propos de ce soleil, dans les Institutions des Pères, il y a un
bon enseignement (Jean Cassien, livre 8, chapitre 10 et 11) :
«
C’est de ce soleil que Dieu fait
évidemment mention par le prophète, parlant ainsi : « Pour ceux qui
craignent mon nom se lèvera le soleil de justice, et la santé est sur ses
ailes. » Et encore, pour les pécheurs, les faux-prophètes et ceux qui se
mettent en colère, il est dit de se coucher au milieu du jour, selon la parole
du prophète. « Le soleil se couchera pour eux à midi. » Ou du moins,
selon le sens figuré, l’esprit, c’est-à-dire le « nous » ou la
raison, qui est à juste titre appelé soleil du fait qu’il éclaire toutes les
pensées du cœur, ne soit pas être éteint par la colère, de peur qu’à son
coucher la ténèbre des troubles n’occupe complètement notre cœur avec le
diable, leur auteur, et que, en proie aux ténèbres de la colère, nous ignorions
comme dans une nuit noire ce qu’il nous fait faire.
Nous avons exposé ce
passage de l’Apôtre selon le sens que nous ont enseigné les anciens, parce que,
même si ce fut assez long, il était nécessaire de dire ce qu’ils pensaient de
la colère. Ils ne lui permettent pas s’entrer dans nos cœurs, fût-ce un
instant, observant en tout point ce mot de l’Évangile : « Celui qui
se met en colère contre son frère est passible du jugement. » D’ailleurs,
s’il était permis de se mettre en colère jusqu’au coucher du soleil, colère et
vengeance pourraient achever leur œuvre perturbatrice avant que ce soleil
n’arrive au lieu de son coucher.
Mais, que puis-je dire,
sans avoir moi-même à rougir, de l’implacabilité de ceux qui ne terminent même
pas leur colère avant que le soleil ne se couche, mais la laissent durer
plusieurs jours ? Envers ceux contre qui ils sont irrités, ils gardent de
la rancœur et, tout en niant en paroles être en colère, ils prouvent par leur
attitude qu’ils en sont remplis. En effet, ils ne s’adressent jamais à eux
comme il faut, ne leur parlent pas avec l’affabilité coutumière, et en cela
estiment ne commettre aucune faite, prétendant ne pas rechercher une vengeance
à leur ressentiment. Pourtant, n’osant ou ne pouvant manifester au-dehors leur
colère et la refoulant en eux-mêmes pour leur propre perte, ils la mijotent
sans cesse dans leur cœur dans rien dire, et au lieu d’en bannir tout d’un coup
l’amertume par la force de la vertu, ils le digèrent jour après jour, ne
l’apaisant que lentement. »
Faisons
la paix sur l’heure ou du moins « avant le coucher du soleil » ;
c’est la dernière limite. Même, il vaudrait mieux faire attendre le Seigneur
que reculer la réconciliation : « Va d'abord te réconcilier avec
ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande.
Dom Symphorien : La réconciliation doit être mutuelle, c’est-à-dire que celui qui a reçu
l’injure et celui qui l’a faite sont tous les deux obligés à la
réconciliation : l’offenseur et l’offensé doivent recourir au remède de la
réconciliation.
Si
nous ne réconcilions pas avec le coucher du soleil, il faudra attendre au
lendemain pour le faire, passer la nuit dans ce triste état et nous présenter
le matin à l’oraison avec le même cœur meurtri.
Ne
disons pas : c’est à mon frère de revenir à moi, je n’ai rien contre lui,
c’est lui qui m’a offensé. Un tel langage montrerait que nous ne comprenons pas
la charité ou bien que notre cœur est froissé et que nous avons grand besoin de
la réconciliation.
Hildemar
de Corbie :
Ce que dit St Benoît ainsi est emprunté à l’Apôtre Paul lorsqu’il dit :
« Que le soleil ne se couche pas sur
votre colère. » (Eph 4,26). Beaucoup comprennent à la lettre ce
passage : le soleil ne doit pas se coucher avant que tu n’ailles faire la
paix avec ton ennemi. Ce n’est pas une juste interprétation, car non seulement
le coucher du soleil, mais aussi trois heures avant, un grand péché peut être
commis ! Il est préférable de comprendre selon un sens spirituel à partir
du Christ : tu ne dois pas, dans ta colère, faire contre ton frère de
telles choses que tu fais disparaitre le Christ en toi. Saint Benoît parle de
ce « soleil » dont il est écrit : « Pour vous qui craignez Dieu, se lève le soleil de justice. »
(Mal 3,20). À propos de ce soleil, dans les Institutions des Pères, il y a un
bon enseignement (Jean Cassien, livre 8, chapitre 10 et 11) :
«
C’est de ce soleil que Dieu fait
évidemment mention par le prophète, parlant ainsi : « Pour ceux qui
craignent mon nom se lèvera le soleil de justice, et la santé est sur ses
ailes. » Et encore, pour les pécheurs, les faux-prophètes et ceux qui se
mettent en colère, il est dit de se coucher au milieu du jour, selon la parole
du prophète. « Le soleil se couchera pour eux à midi. » Ou du moins,
selon le sens figuré, l’esprit, c’est-à-dire le « nous » ou la
raison, qui est à juste titre appelé soleil du fait qu’il éclaire toutes les
pensées du cœur, ne soit pas être éteint par la colère, de peur qu’à son
coucher la ténèbre des troubles n’occupe complètement notre cœur avec le
diable, leur auteur, et que, en proie aux ténèbres de la colère, nous ignorions
comme dans une nuit noire ce qu’il nous fait faire.
Nous avons exposé ce
passage de l’Apôtre selon le sens que nous ont enseigné les anciens, parce que,
même si ce fut assez long, il était nécessaire de dire ce qu’ils pensaient de
la colère. Ils ne lui permettent pas s’entrer dans nos cœurs, fût-ce un
instant, observant en tout point ce mot de l’Évangile : « Celui qui
se met en colère contre son frère est passible du jugement. » D’ailleurs,
s’il était permis de se mettre en colère jusqu’au coucher du soleil, colère et
vengeance pourraient achever leur œuvre perturbatrice avant que ce soleil
n’arrive au lieu de son coucher.
Mais, que puis-je dire,
sans avoir moi-même à rougir, de l’implacabilité de ceux qui ne terminent même
pas leur colère avant que le soleil ne se couche, mais la laissent durer
plusieurs jours ? Envers ceux contre qui ils sont irrités, ils gardent de
la rancœur et, tout en niant en paroles être en colère, ils prouvent par leur
attitude qu’ils en sont remplis. En effet, ils ne s’adressent jamais à eux
comme il faut, ne leur parlent pas avec l’affabilité coutumière, et en cela
estiment ne commettre aucune faite, prétendant ne pas rechercher une vengeance
à leur ressentiment. Pourtant, n’osant ou ne pouvant manifester au-dehors leur
colère et la refoulant en eux-mêmes pour leur propre perte, ils la mijotent
sans cesse dans leur cœur dans rien dire, et au lieu d’en bannir tout d’un coup
l’amertume par la force de la vertu, ils le digèrent jour après jour, ne
l’apaisant que lentement. »