Sagesse de Saint Benoît ( décembre 2019) : Qu'en toutes choses Dieu soit glorifié
Afin
qu’en toutes choses Dieu soit glorifié (RB 57 )
Résonance dans l'Ecriture
Non nobis, Domine, non nobis, sed Nomini tuo da Gloriam. (ps 113) Non pas à nous Seigneur, mais à ton nom, donne la gloire.
Cette formule lapidaire, tirée
de l’Ecriture (1P 4, 11), et située au chapitre de la Règle 57, éclaire toute la pensée de Saint Benoît, et donc
toute la vie monastique, telle qu’elle jaillit de la Règle.
Qu’est-ce que la gloire de
Dieu ? Et comment glorifier Dieu ?
« La Gloire de Dieu,
c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. »
nous dit Saint Irénée (Adversus Haereses IV, 20, 7).Ainsi, c’est en
vivant, dès ici-bas, de la vie divine que l’homme, glorifie Dieu.
L’épître de Saint Pierre
explicite cette magnifique intuition de Saint Irénée, en rappelant aux
chrétiens que, « pierres vivantes d’un édifice spirituel » (1P 2, 5),
ils sont « une race élue, un sacerdoce royal »( 1P 2,9). Commentant
le verset 1P 4,11, le RP Spick écrit : « Puisque l’Eglise est un
Temple et que tous ses membres sont des rois-prêtres, leurs activités les plus
diverses constituent un service d’honneur, un culte spirituel, et une liturgie
de louange à Dieu ».
Pourquoi cette recommandation au chapitre qui traite des artisans du monastère?
Tel est bien le désir de Saint
Benoît pour ses moines. Mais pourquoi l’a-t-il concrétisé en le plaçant à la
fin du chapitre LVII, dans lequel Saint Benoît veut purifier le moine de non
seulement de tout esprit d’appropriation et d’orgueil, mais aussi de toute
avarice et de tout appât du gain. Et c’est à ce niveau d’activités matérielles
et même commerciales que se situe ?
Dom Herwegen nous donne la
clef de ce choix. « Afin
qu’en toutes choses Dieu soit glorifié » Ce mot de l’Ecriture qui est
devenu comme l’expression symbolique de l’idéal bénédictin semble trouver ici une
place bien quelconque. La forme la plus élevée de l’honneur que les Bénédictins
rendent à Dieu est l’Opus Dei ; (...)
et le reste de la vie monastique, le travail et l’étude, portent essentiellement
en eux la même finalité spirituelle.
Mais
là où le moine entre en contact non seulement avec les gens du monde mais même
avec leurs affaires d’argent, il fallait prononcer une parole qui entraîne dans
l’ensemble du mouvement spirituel, jusqu’à l’extrême périphérie de l’activité du
monastère. Ici elle joue le rôle vraiment magnifique de montrer qu’il n’y a
rien dans la vie monastique qui ne doive être ordonné à Dieu sans réserve(. )
Toute la vie du moine, depuis l’Opus Dei
jusqu’à l’évaluation financière des produits du monastère, doit être une seule
louange de Dieu. Sur cette vue grandiose de toute la vie intérieure et
extérieure du monastère comme une glorificatio
Dei,. Benoît quitte le vaste domaine de l’administration matérielle (….) Avec
le mot lapidaire de Saint Pierre, il soulève tout cela jusqu’au monde
spirituel, en arrachant à la terre ce qui est de la terre et en lui donnant le
sceau de la consécration divine. »