sagesse de Saint Benoît (mars 2020) : une école du service du Seigneur
Une école du service du
Seigneur (Prologue de la Règle)
Dans le Prologue de sa
Règle, saint Benoît qualifie le monastère d’École du service du Seigneur.
Où trouver l’origine de cette expression ? La Bible contient plusieurs
versets qui ont peut-être inspiré saint Benoît :
Résonance dans l'Ecriture
C’est le Seigneur votre Dieu que vous devez suivre, c’est
lui que vous craindrez ; ses commandements, vous les garderez ; sa voix, vous
l’écouterez ;
c’est lui que vous servirez ; c’est à lui que vous vous attacherez. (Deutéronome
13, 5)
C’est le Seigneur notre Dieu que nous voulons servir,
c’est à sa voix que nous voulons obéir. (Josué 24, 22)
Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon
bien-aimé en qui je trouve mon bonheur. (Mt 12, 18)
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui
veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut
être parmi vous le premier, sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est
pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon
pour la multitude. (Mt 20, 26)
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera
sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. (Mt 23,11)
Nous resterons assidus à la prière et au service
de la Parole. (Ac 6, 4)
Le Pape Jean-Paul II,
en 1980, a rappelé l’origine de cette École :
Poussé par l’amour de
Dieu, saint Benoît s’unit d’autres hommes dont il devint le père et avec qui, à
ce titre il ouvrit une École du service du Seigneur. Aussi
constituèrent-ils, en usant des instruments des bonnes œuvres, une petite cité
chrétienne où règnent l’amour, l’obéissance, l’innocence, le détachement de
l’esprit par rapport aux choses et l’art d’en user droitement, la primauté de
l’esprit, la paix, bref l’Évangile. (Sanctorum altrix)
Quelques années plus tard, Jean-Paul II complète cette description :
Les monastères ont été et
sont encore, au cœur de l'Église et du monde, un signe éloquent de communion,
une demeure
accueillante pour ceux qui cherchent Dieu et les réalités spirituelles, des écoles
de la foi et de vrais centres d'études, de dialogue et de culture pour
l'édification de la vie ecclésiale et de la cité terrestre elle-même, dans
l'attente de la cité céleste. (Vita consecrata)
Au Mont Cassin en 2009,
le Pape Benoît XVI explicite à son tour la vision de l’École du service du Seigneur de
saint Benoît :
A son école, les monastères sont devenus,
au cours des siècles, de fervents centres de dialogue, de rencontre et de
fusion bénéfique entre peuples différents, unifiés par la culture évangélique
de la paix. Les moines ont su enseigner par la parole et par l'exemple l'art de
la paix, en réalisant de manière concrète les trois ‘liens’ que Benoît indique
comme nécessaires pour conserver l'unité de l'Esprit entre les hommes : la
Croix, qui est la loi même du Christ ; le livre, c'est-à-dire la culture ;
et la charrue, qui indique le travail, la domination sur la matière et sur le
temps. Grâce à l'activité des monastères, articulée selon le triple engagement
quotidien de la prière, de l'étude et du travail, des peuples entiers du
continent européen ont connu un authentique rachat et un développement moral,
spirituel et culturel bénéfique, en s'éduquant au sens de la continuité avec le
passé, à l'action concrète pour le bien commun, à l'ouverture vers Dieu et la
dimension transcendante.
Aquinata Böckmann, moniale bénédictine allemande a longuement médité sur ce
thème et en a partagé récemment les fruits :
L’école du service du Seigneur est une école qui contient le service,
une école pour le service,
dans laquelle nous apprenons à
servir,
ou à rendre le service que le
Seigneur nous a rendu,
une école dans laquelle nous
voulons nous adonner à son service,
le servir comme lui-même a servi,
et naturellement aussi le servir
lui-même.
L’école est celle du Maître-Christ.
Le monastère est une école,
son Maître est le Christ.
On n’aura jamais fini d’apprendre,
au contraire, on persévère dans
cette école jusqu’à la mort,
comme le Christ a été obéissant
jusqu’à la mort.
On progresse dans cette école ;
on passe des angoisses et du refus
du commencement
à la « douceur de
l’amour » (s. Benoît).
Au XIe
siècle, saint Pierre Damien qui se surnommait lui-même le dernier serviteur des
moines, a fait de la vie monastique un rappel pour tous à cheminer vers la
sainteté :
Que pourrais-je dire du monastère de Cluny sinon
qu’il est le champ du Seigneur florissant où le chœur de tant de moines unis
par la charité, est comme une abondante moisson céleste ? Ce champ
est labouré chaque jour par la charrue de la prédication et en lui sont
répandues les semences de la Parole divine. Là s’amassent les fruits des
moissons spirituelles pour être ensuite disposés dans les greniers célestes.
Ensuite le champ spirituel de Cluny est un champ où le ciel et la terre se
rencontrent, il est semblable à une arène de combat où la chair fragile
lutte contre les puissances de l’air comme dans un gymnase spirituel. (Lettre)