Homélies
Dimanche 15 novembre :33ème du temps ordinaire
Homélie de Mgr di Falco; évêque émérite de Gap et d'Embrun
« Veillez donc, car vous ne
savez ni le jour, ni l’heure. »
La parabole « des talents » est la dernière des trois paraboles « eschatologiques » que Matthieu a groupées autour du thème de la « Fin des temps. » Jésus nous invite à ne pas oublier notre « fin ».
« Vous ne savez ni le jour, ni l’heure, veillez donc…, vous aurez à rendre des comptes. »
Le temps de l'histoire humaine, c'est le temps de « l'absence du maître » : l'humanité est mise à l'épreuve comme des serviteurs à qui un maître à confié d'énormes responsabilités. Notre vie humaine se déroule sous le signe de Dieu qui paraît absent et qui s’est comme « retiré » pour donner toutes les initiatives à ses créatures. Cela ne témoigne t’il pas d'une immense confiance et d'un immense respect ?
« A l’un, le maître donna cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. »
Au temps de Jésus, un « talent » était un lingot en argent ou en or.
Dieu nous fait confiance : « il leur confia ses biens ! ». Il s'agit donc d'une « gestion » : nous avons à gérer des biens qui ne sont pas les autres mais ceux de Dieu. Ainsi, le sens profond de la parabole n'est pas d'abord sur le bon usage de « nos dons personnels » (même si cette explication morale peut-être utile.) Il s’agit surtout de notre coopération active au Royaume de Dieu : il nous a confié son Royaume, ses biens ! Des grâces à faire fructifier…
« Celui qui avait reçu cinq talents s’occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un creusa la terre et enfouit l’argent de son maître. »
La tentation est grande de nous comparer aux autres. Il nous faut pourtant résister. Il ne s'agit pas des talents des autres. Il s'agit de ma responsabilité à moi, de ce Royaume que le Seigneur m'a confié à travers, bien sûr, les « dons que j'ai reçus de Lui ». Chacun à « sa » place et « sa » responsabilité : « Il y a diversité de dons spirituels. A « l’un, » et on pourrait dire à « l’une » pour ce qui vous concerne mes sœurs, est donnée une parole de sagesse, à une autre une parole de science, à une autre le discernement des esprits. On pourrait prolonger cette lettre aux Corinthiens. A l’une a été donné le don de la musique, à l’autre le don de la cuisine, de la pâtisserie, à l’autre encore le don des confitures, à une autre le don des tisanes, à une autre a été donné le don de la gestion, de l’informatique, de la peinture, de la reliure, des enluminures, du soin des animaux, du jardinage que sais-je encore, à l’une le don du sourire, de l’accueil, de l’écoute, de la disponibilité ? En fait tout ce qui fait la richesse de votre communauté. Le corps est un tout en ayant plusieurs membres. » (I Corinthiens 12/4-12) Chaque membre est indispensable.
A ce point de notre méditation, il est bon de nous demander quel est mon rôle unique, quels sont les talents que je suis seul à pouvoir faire fructifier. Je suis irremplaçable aux yeux de Dieu, pour la tâche qui est la mienne, avec les aptitudes, les qualités, les grâces qu'il m'a données. Vais-je les « faire valoir » comme les bons serviteurs, où les « enfouir » comme le mauvais serviteur ?
Le temps de l'absence du maître est long. Le temps de la fidélité est éprouvant. On peut imaginer que Dieu ne reviendra plus, qu'il est mort, inexistant. On peut organiser sa vie comme si Dieu n'existait pas.
Observons le serviteur qui n'a reçu qu'un seul talent.
Celui qui avait reçu un seul talent s’avança ensuite et dit :
« Maître, je savais que tu es un homme dur, tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. »
Voilà, selon Jésus, le pire péché : dénaturer l'image de Dieu. Considérer Dieu comme un tyran inaccessible ! Toute la relation avec Dieu est faussée quand on commence par se défier de Lui. Nous reconnaissons bien notre tentation originelle pourrait-on dire : ne pas considérer Dieu comme un père plein d'amour, comme un Dieu qui fait alliance, mais le considérer comme une sorte de père Fouettard.
Comment pouvons-nous en arriver à une telle caricature contraire à toute la révélation ?
« J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le vois. Tu as ce qui t'appartient. »
C'est bien la méconnaissance de la vraie nature du rapport qui lie l'homme à Dieu. Ainsi, ce serviteur ne va pas être condamné parce qu'il a refusé de servir, ou parce qu'il a été paresseux, mais parce qu'il s'est fait de Dieu une idée inverse de ce qu'il est en réalité : il a eu peur de Dieu.
Il ressemble fort aux ouvriers de la
première heure qui accusaient leur Maître d’être injuste, ou encore au fils
aîné qui se trouvait en règle avec son père. Finalement cet homme, rempli de
crainte manque de l'essentiel, il n'aime
pas son maître.
Ne reconnaissons-nous pas là l'attitude des pharisiens et des scribes ?
Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas les personnes qui sont condamnées par Jésus. Il est trop facile de condamner les pharisiens. Ce que Jésus rejette, c'est une attitude envers Dieu qui peut toujours être là notre. Nous pouvons, nous aussi, chercher d'abord notre sécurité personnelle même en observant méticuleusement la loi ; et le serviteur se croyait en règle parce qu'il remettait à son maître la même somme que celle qu'il avait reçue. Pourtant il a déçu l'attente de son maître qui attendait infiniment plus. Il attendait un engagement risqué envers sa personne : il attendait la foi, le beau risque de la foi ! Y a-t-il une foi authentique sans risque ?
Il nous faut avoir souci des intérêts de Dieu, miser toute notre vie pour Lui et faire fructifier ses biens.
Enfouir nos talents, c’est avoir
l'obsession de la sécurité et éviter tout risque. La foi est tout autre chose.
L'Évangile doit être proclamé. Etre disciple de Jésus, c’est faire fructifier
le Royaume confié. Celui qui ne pense
qu'à conserver ce qu'il a reçu le rend stérile. L'Évangile ne nous a pas été
donné pour que nous le gardions comme une sorte de trésor enfui et caché :
nous sommes responsables de sa fructification. Le Maître, un jour, quand il reviendra
nous demandera des comptes.
Nous voilà loin d'une bonne petite morale du rendement personnel. En partant au loin Jésus nous a confié la responsabilité qui était la sienne, faire grandir le Royaume.
Homélie de Monseigneur Malle pour l’ouverture
de l’année
mariale diocésaine à Rosans
4 octobre 2020
« Pouvais-je
faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » Isaïe dans
son chant sur la vigne du Seigneur, met sur les lèvres du vigneron – en
l’occurrence Dieu – cette question.
« Pouvais-je
faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » La réponse est bien entendu
non, Dieu ne pouvait rien faire de plus que ce qu’il a fait. Car Dieu fait
toujours le maximum, Dieu fait toujours de son mieux comme diraient les
louveteaux, même si ce vocabulaire nous le sentons est inadapté. Dieu fait ce
qui permet à chacun de progresser en se convertissant.
En
l’essayant de l’appliquer à moi-même, dans un premier jet, je pourrais dire :
Seigneur tu aurais pu aussi faire ceci et ceci ! Mais en réalité
Dieu a fait ce qu’il devait faire, pour respecter ma liberté et celle d’autrui.
(Car parenthèse d’actualité, nos autorités choisissent plutôt de
réduire nos libertés pour obtenir une fin bonne. Mais cela fonctionne rarement.
Ainsi pour lutter contre l’islamisme, rebaptisé séparatisme islamique, les
autorités annoncent l’interdiction de l’école à la maison sauf raison de santé.
C’est cocasse alors qu’il y a quelques mois les mêmes autorités ont contraints
des millions de parents à faire l’école à la maison pendant le confinement et
c’est surtout un recul de la liberté scolaire et de la responsabilité première
des parents dans l’éducation de leurs enfants. Fin de la parenthèse
d’actualité.)
« Pouvais-je
faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? »
Et moi de mon côté, moi la vigne du Seigneur,
« Pouvais-je faire plus que je n’ai fait ? » Cela m’a fait penser au
dialogue imaginé par le célèbre dramaturge Jean Anouilh, pour le
cinéaste Maurice Cloche dans le film « Monsieur Vincent »,
dialogue de saint Vincent de Paul avec la Reine Anne d’Autriche, basé sur une
parole véridique de St Vincent de Paul :
La
reine : – Vous faites trop, monsieur de Paul
Vincent :
– J’ai fait si peu.
La
reine : – Vous savez que vous avez fait beaucoup, et ils sont rares ceux
qui pourront au jour du jugement dernier présenter un compte de leurs jours
aussi rempli que le vôtre.
Vincent :
– J’ai dormi, j’ai affreusement dormi, Madame, j’ai été lâche souvent.
La
reine : – Eh ! Monsieur de Paul, nous qui n’avons pensé qu’à notre
plaisir, à notre appétit de jouissance, et qui, sans vous, les aurions toujours
gardés fermés, ces yeux, répondez-moi, vous qui n’avez pensé qu’à donner, qui
avez renoncé au bonheur, à la puissance, toujours, vous qui avez bâti autre
chose que de vains palais et qu’une vaine gloire, sentez-vous, au seuil de la
mort, ce grand trou vide derrière vous, vous aussi ?
Vincent :
– Oui, Madame, je n’ai rien fait.
La
reine : – Que faut-il faire alors dans une vie, pour faire quelque
chose ?
Vincent :
Davantage.
Au delà
de l’ardeur de ce grand saint, qu’il est vain de vouloir reproduire, ce mot
« davantage » souligne bien la différence entre l’action de Dieu, qui
fait tout, et nous qui trop souvent pourrions faire davantage, dans le domaine
de l’amour.
Parce qu’en réalité cette image du vigneron et de sa vigne est une
parabole de l’amour que Dieu porte à sa création et en Isaïe, à son
peuple bien aimé qu’il a élu et choyé pour en faire un peuple au service des
autres peuples.
(Le pape François, seconde parenthèse d’actualité, a signé hier à
Assise, une encyclique, rendue publique ce midi, intitulé de ces paroles de st
François d’Assise : Fratelli Tutti. Je l’ai reçue dans la nuit de vendredi à
samedi, mais n’ait pas eu le temps de la lire. Un mot cependant. Le charisme de
notre Saint Père est de mettre le doigt sur les failles de la société. Ainsi
l’environnement intégral, ainsi la famille, ainsi la fraternité, thème de cette
encyclique. Je nous invite à la lire, à la travailler, sans nous laisser
influencer par ceux qui vont tout de suite la critiquer. C’est une lettre de
notre pape, je suis pour ma part certain que l’Esprit Saint l’a inspiré. Fin de
cette seconde parenthèse d’actualité.)
Notre Seigneur reprend la même image de la vigne et du vigneron,
dans cette parabole rapportée par Matthieu, en la
transformant. En Isaïe, c’est la vigne qui donne du mauvais fruit, autrement
dit le peuple bien aimé qui ne répond pas à l’amour de Dieu. En Mathieu, ce
sont d’autres vignerons à qui le propriétaire confie sa vigne qui se comportent
comme des criminels, autrement dit, les chefs du peuple.
Dans les
deux cas, c’est la tristesse de Dieu qui s’exprime et donc son amour. Tristesse
par le peu d’amour et tristesse par les crimes commis qui vont entraîner des
conséquences, ce qui amène Dieu a proférer des menaces pour obtenir la
conversion, mais en vain.
Creusons
l’évangile. Jésus est conscient de l’opposition des autorités qui souhaitent le
tuer. Par cette parabole, il essaie de les prévenir pour qu’ils se
convertissent. Il fait appel à l’histoire du peuple hébreux : le maître a
envoyé des serviteurs, ce sont les prophètes. Dans le livre de Jérémie
(7,25-26), le Seigneur se plaint : « Depuis le jour où vos pères
sont sortis du pays d’Égypte jusqu’à ce jour, j’ai envoyé vers vous,
inlassablement, tous mes serviteurs les prophètes. Mais ils ne m’ont pas
écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont raidi leur nuque, ils ont été
pires que leurs pères. » Sans doute qu’à chacun de nous aussi le Seigneur
a envoyé bien des messagers. Tantôt nous les avons écoutés, tantôt nous les
avons fait taire.
Jésus
ensuite annonce sa passion : « Finalement, il leur envoya son fils, en se
disant : ‘Ils respecteront mon fils.’ » Jésus nous livre ici la
profondeur du cœur de Dieu, la profondeur de l’amour de Dieu pour chacun de
nous. L’Incarnation et la Rédemption sont pour nous le sommet indépassable de
l’amour de Dieu.
Et comme
dans Isaïe, Jésus essaie d’éviter le pire et de provoquer la conversion des
autorités. Également en vain.
Mais
c’est l’espérance qui prend le dessus sur la tristesse : « N’avez-vous
jamais lu dans les Écritures – Jésus cite le psaume 118 – : La pierre
qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là
l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » Annonce voilée
de sa Résurrection.
Ce chant
du vigneron d’Isaïe, et cette parabole des vignerons homicides racontée par
notre Seigneur Jésus, nous plonge devant l’abîme de l’amour de Dieu, et notre
propre responsabilité de l’accueillir.
St Paul
aux Philippiens, notre seconde lecture, indique une juste attitude :
« Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et
suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et
la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et
vos pensées dans le Christ Jésus. »
Marie a
sans doute été un bon modèle pour St Paul. « Ne soyez inquiets de rien,
mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce ».
Et nous pensons à l’Annonciation, à la Visitation, à son Magnificat. « La
paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et
vos pensées dans le Christ Jésus. » Et nous pensons à la fois à la Stabat
Mater et à la Mère de l’Espérance qui attend la Résurrection, et enfin à la
joie de Marie à la Résurrection de son Fils. Cette année mariale qui a été
ouverte le 6 septembre dernier dans le diocèse et qui est ouverte ici à
l’Abbaye ND de Miséricorde de Rosans est pour nous aussi l’occasion de demander
à Marie de nous aider à avoir les mêmes sentiments qu’Elle, à chanter son
Magnificat, à être une Stabat Mater et à être nous-mêmes père ou mère de
l’Espérance autour de nous, dans la joie de la Résurrection. AMEN
Homélie pour la célébration du 15ème anniversaire
de dédicace de l’église 9 septembre 2020
par Mgr jean Michel di Falco Léandri, évêque
émérite de Gap et Embrun
Mes sœurs, aussitôt cette
célébration terminée, je vous invite à mettre vos sandales, à saisir votre
bâton de pèlerin et à prendre la route.
Vous l’avez entendu, ce n’est ni dans cette abbaye, ni
dans cette église que vous adorerez le Père, l’heure est venue où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Les plus impatientes parmi
vous peuvent dès cet instant, rejoindre
leur cellule, prendre quelques affaires et partir su les routes de France et
au-delà pour adorer le Seigneur en esprit et en vérité.
En 2005, avec quinze ans de moins, nous célébrions la
Dédicace de votre église avec le cher cardinal Panafieu et d’autre de vos amis.
Mais aujourd’hui, quelle étrange idée d’avoir choisi ce texte d’Evangile pour
célébrer ce quinzième anniversaire, un texte qui nous dit que l’essentiel se
passe ailleurs que dans les lieux, ni sur la montagne, ni à Jérusalem, ni à
Baudon.
Ne soyez pas trop étonnées par mon propos, mes sœurs, vous
savez depuis longtemps que je ne suis pas toujours sérieux et surtout que je
n’aime pas les homélies tristes qui font le plus souvent penser à la mort qu’à
la vie éternelle.
Je vais tout de même essayer d’être un peu plus sérieux,
un peu plus évêque.
En fait le choix de ce texte d’Evangile est un bon choix
car il nous tourne justement vers l’essentiel et relativise les lieux.
Nous entrons avec ces paroles du Christ en quelque sorte
dans le troisième moment de la Révélation. Jésus s’est révélé comme don de Dieu,
Celui par qui une loi nouvelle est proposée. Mais cette loi n’est pas extérieure à l’homme, elle est inscrite
en lui, elle dévoile sa vérité intérieure.
A la source extérieure s’est
substituée une source intérieure à
chacun, révélatrice de la vérité intérieure de chaque croyant, débouchant sur
un culte intérieur.
Le Temple, c’est Jésus lui-même .La présence de Dieu n’est
plus le temple de pierres mais le Corps du Christ, le corps ressuscité, seul
lieu de rencontre de l’homme avec Dieu. Le lieu de la parfaite communion, qui
atteint son sommet dans l’Eucharistie.
L’église de pierre où l’on se rassemble ne suffit pas pour
qu’existe une véritable communauté chrétienne. C’est en Jésus-Christ qu’il faut
se rencontrer pour qu’elle existe.
Les marchands du temple n’existent-ils pas toujours so us
d’autres formes ? Par exemple, quand on fait de l’église un lieu de
consommation spirituelle, où l’on vient gagner son salut, et non un lieu de
communion dans la gratuité avec Dieu et entre croyants.
Cette Révélation, invite à changer la manière de vivre sa
foi. En particulier si la relation à Dieu est encore trop demeurée au niveau
des choses à faire et à ne pas faire, liées à des lieux ou à des gestes. En
fait à des postures. Et voici que la rencontre avec le Christ renverse le formalisme desséché. On comprend alors que
la pratique religieuse n’est que l’expression sociale de la communion, qu’elle
n’est que la mise en commun visible d’une vie intérieure qui est pour chacune
et chacun une relation personnelle et secrète avec le Dieu de Jésus-Christ qui
nous habite par l’Esprit de Pentecôte, qui nous fait vivre et nous renouvelle
jusqu’à la vie éternelle.
Cette expérience ineffable, merveilleuse, il n’est pas
possible de la garder pour soi, pour soi tout seul. Le Christ ne nous appelle
jamais que pour nous envoyer. C’est pourquoi mes sœurs, avec une petite pointe
de provocation, je vous invitais au début de cette homélie à prendre la route.
J’ai bien vu les gros yeux de Mère Abbesse.
Rassurez-vous, je sais que c’est dans la prière que vous
parcourez es routes du monde puisque telle est votre vocation.
Mais qui d’entre nous, mes sœurs, s’étant converti jusqu’à
éprouver au plus profond de soi la présence envahissante et transformante du
Christ, pourrait-il contenir l’enthousiasme qu’il éprouve et tenir étouffé le
courage qu’engendre la foi ?
On ne peut aimer sans chercher à faire aimer.
On ne peut être libre sans libérer.
Le texte d’Evangile que nous avons lu est, vous le savez,
précédé par la rencontre entre Jésus et la Samaritaine. « Donne-moi à boire ». C’est toi qui aurais demandé et il
t’aurait donné de l’eau vive ».
Homélie de Monseigneur Malle, évêque de Gap
Homélie pour la solennité du Sacré-Cœur, 2019